Toul : condamnés à un an de prison ferme pour avoir laissé leur bébé mourir de soif

Le couple des environs de Toul qui a laissé mourir de soif son bébé en juin 2013 a écopé d’un an de prison ferme au terme d’un procès devant la cour d’assises de Nancy.

 

NANCY

« Comment un bébé de 9 mois a-t-il pu mourir de soif alors que ses parents étaient avec lui à la maison ? », s’interroge et s’insurge dans sa plaidoirie Me Grégoire Niango, l’un des avocats de la partie civile. Cette question terrible a été au cœur des trois jours du procès de Mickaël Dufert et Hélène Lobjoy, un jeune couple des environs de Toul.

En juin 2013, alors que l’on était en pleine canicule, ils ne se sont pas occupés de leur petite fille de 9 mois, Lilou, pendant une quinzaine d’heures. Ils lui ont donné son dernier biberon vers 21 h. Puis plus rien jusqu’au lendemain midi et demi. A ce moment-là, il était trop tard. « Elle était décédée d’une déshydratation sévère. Elle avait perdu 10 % de son poids », détaille l’avocat général Cédric Laumosne, ce mardi dans son réquisitoire.

 

Comment en est-on arrivé là ? Les psys ont mis en avant la « dismaturité », la « personnalité fruste » et les « capacités intellectuelles limitées » des parents de Lilou. Avec aussi une dose d’égocentrisme. Surtout pour la mère.

« Sa priorité n’était pas son enfant. Elle faisait passer ses besoins personnels et ses désirs avant. Elle n’achetait pas les médicaments de confort à son bébé parce qu’ils n’étaient pas remboursés mais elle se payait tous les jours son paquet de cigarette », cogne Me Aline Vaissier-Catarame, l’avocate de la grand-mère paternelle de la petite Lilou qui accable Hélène Lobjoy.

« PARESSE », « ORGUEIL » ET « BÊTISE CRASSE »

Son confrère de la partie civile, Me Niango met, lui, les deux accusés « dans le même sac ». L’avocat défend les intérêts du frère de Lilou, un petit garçon placé dans une famille d’accueil et aujourd’hui âgé de 4 ans. Lui a survécu aux défaillances de ses parents. Car il était plus costaud que sa petite sœur, née prématurée et fragile. Il faisait plus de bruit et pleurait plus fort. Il avait donc droit à son biberon le matin. Pas sa sœur.

« Leur entourage et les médecins ont pourtant expliqué aux parents je ne sais combien de fois qu’il fallait absolument donner ce biberon du matin à Lilou. Elle a bon dos l’immaturité. Ils sont surtout commis deux pêchés capitaux : la paresse et l’orgueil », analyse Me Niango, aussi pertinent qu’incisif.

La paresse, parce que les deux accusés ont sombré dans l’oisiveté, laissé leur maison devenir une « porcherie » et préféré regarder un film plutôt que nourrir leur fille le matin fatal. L’orgueil, car ils n’ont pas écouté les conseils que leur prodiguaient les médecins. « C’était de la bêtise crasse », monte en pression l’avocat général, Cédric Laumosne, qui réclame 5 ans de prison.

« La mère de Lilou n’a jamais pensé que le fait de ne pas donner de biberon le matin du drame aurait des conséquences dramatiques. Elle n’a fait qu’appliquer les conseils de sa propre mère qui lui disait qu’il fallait laisser dormir son enfant », affirme Me Clémence Morel, l’avocate de la mère. Une mère qui a comparu libre et qui a eu un nouvel enfant avec un nouveau compagnon il y a quatre mois.

Le père de Lilou a, lui aussi, refait sa vie. Il bosse, s’est installé avec une autre jeune femme et a gardé le contact avec son fils. « Dans cette affaire, il n’a jamais eu conscience de mettre en danger ses enfants », insiste son avocate Me Sophie Couronne.

Comme sa consœur, Me Morel, elle plaide pour la requalification des faits. Pour la défense, en effet, la mort de Lilou n’est pas due à une « privation de soins » (30 ans de prison encourus) mais est un « homicide involontaire » (3 ans maximum). Verdict : condamnation pour « privation de soins » à cinq ans de prison dont un an ferme et le reste avec sursis et mise à l’épreuve. Le couple, qui a déjà fait 8 mois et demi de détention provisoire, est certes reparti en prison. Mais pour quelques jours seulement.

 

Auteur article : Christophe GOBIN

 

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