Nancy : cinq ans ferme pour l’assistant familial qui avait abusé d'une ado déficiente mentale

Denis T., 68 ans, n’a pas convaincu la cour que l’ado déficiente mentale, qui lui était confiée, était consentante. Il a été reconnu coupable d’agressions sexuelles et de viols.

 

 

Déficiente mentale, violée en 2005 par son père qui s'est suicidé dans sa cellule, puis deux ans plus tard par deux mineurs dans un foyer, Nadine, 26 ans, a traversé un enfer mais ne se départit jamais de son sourire. "Une manière de se protéger", disent les psys.

 

Assise dans le public ce jeudi en fin d'après-midi, la jeune femme, désormais mariée et mère de deux enfants, n'a pourtant manifesté aucune émotions lors du verdict de la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle qui jugeait cette semaine Denis T., qui fut son assistant familial mais aussi son dernier bourreau.

 

L’homme, âgé de 68 ans, qui réside dans un village au sud de Toul, à la limite des Vosges, a été reconnu coupable d’agressions sexuelles et de viols aggravés commis en 2008 sur cette ado handicapée qui lui avait été confiée dans le cadre d’un placement. Il a été condamné à cinq ans d’emprisonnement et, comme la cour d’assises prononce automatiquement le mandat de dépôt, il a dormi hier soir en prison, sur les hauteurs de Nancy. Une première pour celui qui, depuis sa mise en examen en mai 2010, avait toujours été placé sous contrôle judiciaire.

« L’accusé avait déjà eu d’autres enfants confiés avant ma cliente », souligne Me Niango. « Ce n’était pas un assistant familial qui débutait et il avait été prévenu par les éducateurs de possibles tentatives de séduction. Mais il a mis de côté son sens du bien et du mal. Il a alors bien fallu trouver quelque chose pour justifier cette transgression de l’interdit : il a dit qu’il n’avait pas eu de formation, que Nadine l’avait aguiché ». L’avocat peut « concevoir le désir mais le passage à l’acte, c’est autre chose ».

L’avocat général, pour qui « Nadine était dans l’incapacité de résister », requiert huit ans.

Avocat de Denis T., Me Robinet rappelle les paroles de Nadine devant le juge d’instruction : « J’étais un peu consentante, un peu entre les deux. Des fois, j’étais d’accord, des fois, je ne l’étais pas ». L’avocat assure ne pas relever dans le dossier « une quelconque opposition » de la part de l’ado. « Or, pour qualifier le viol, il faut nécessairement un défaut de consentement ». Le conseil insiste : « Il faut aussi des actes positifs de contrainte morale. Les avez-vous ? Non. Et la crainte révérentielle ne suffit pas ».

L’avocat s’interroge : « Est-ce que la déficience mentale de Nadine ne lui permettait pas de dire non ? En 2007, quand elle a été violée par ces deux jeunes, elle a crié, hurlé, ce qui a provoqué l’arrivée de son écucatrice. Pourquoi donc ne l’a-t-elle pas fait avec Denis T. ? Pourquoi aussi a-t-elle souhaité qu’il devienne son curateur en 2009, juste avant qu’elle ne dénonce les faits ? ».

 

Auteur de l'article : Eric NICOLAS

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