Devant le tribunal, la mort à la sortie d’un virage

Un jeune conducteur responsable de la mort de deux de ses copains dans un accident de la route à Haroué, a été condamné à deux ans de prison avec sursis par le tribunal de Nancy.

 

Il s’appelle Jules H. Il vient tout juste d’avoir 19 ans. Mais il est voûté comme un retraité. Face au tribunal de Nancy, ce mercredi, il porte un terrible fardeau sur ses épaules tombantes. Il porte le poids de la mort, dans un accident, de deux de ses copains du centre de formation agricole d’Haroué.

C'était le 26 septembre 2017. Il rentrait avec eux, en voiture, de la fête foraine d’Epinal. Comme c’est lui qui conduisait, il n’avait pas bu une goutte d’alcool. Pas de consommation de produits stupéfiants non plus.

 

Mais alors qu’il arrivait à Haroué, il a perdu le contrôle de son véhicule à la sortie d’un virage. Un expert a émis l’hypothèse qu’il avait pu s’assoupir. « Non, je ne me suis pas endormi. J’ai dû faire une fausse manœuvre », témoigne, d’une voix blanche, le jeune conducteur.

Il reconnaît qu’il était en excès de vitesse. « Je ne faisais pas plus attention que ça au compteur. Mais je pense que j’étais entre 90 et 100 km/h », estime Jules H qui avait son permis depuis 3 semaines seulement et qui aurait dû rouler à 80 km/h.

L’expert en accidentologie a estimé que le jeune homme roulait plus vite qu’il ne le dit : 116 km/h. « Mais j’ai relevé deux erreurs de calcul dans son rapport. Et je pense, contrairement à lui, qu’un problème mécanique est possible. Une défaillance de la colonne de direction expliquerait que le conducteur n’a pas pu redresser sa voiture qui est allée tout droit sur 120 m », estime l’avocat de la défense, Me  Niango.

Si la cause de la sortie de route peut prêter à discussion, le résultat est d’une terrible limpidité. La voiture a percuté un arbre. Le choc a été tellement violent que le véhicule a été littéralement coupé en deux.

 

« Souffrance et colère » des familles des victimes

Dans une partie de la carcasse, le conducteur n’a été que légèrement blessé. Dans l’autre, ses deux passagers, Charles et Arthur, ont été tués sur le coup. Ils avaient 17 et 19 ans. « Je m’excuse auprès de leur famille. Même si je sais qu’elles ne me pardonneront pas de leur avoir enlevé deux fils », confesse, la mine défaite, le prévenu.

Plusieurs proches de ses deux copains morts sont présents à l’audience. Ils ont les yeux rougis et s’efforcent de rester dignes. Mais l’heure n’est effectivement pas au pardon. Elle est « à la souffrance, à l’impuissance et à la colère », indique l’avocate d’une des familles, Me Anne Riou. « Le prévenu n’a aucune excuse. Il a juste voulu faire le cacou en voiture en roulant trop vite. C’est un meurtrier ! », attaque l’avocat de l’autre famille, Me  Raoul Gottlich.

« Je ne peux pas laisser diaboliser mon client comme ça ! Car, même s’il n’est pas mort ce jour-là, cet accident a brisé sa vie ! », réplique l’avocat de la défense, Me Niango. La procureur adjointe Bluntzer le rejoint et livre un réquisitoire mesuré : « Le prévenu doit sûrement vivre, lui aussi, quelque chose d’extrêmement douloureux ». Et de requérir un an de prison avec sursis.

Jugement : deux ans de prison avec sursis.

 

Auteur de l'article : Christophe GOBIN

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